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Implant Dentaire

L’implantologie dentaire consiste à remplacer une ou plusieurs dents absentes par une racine artificielle – l’implant – généralement en titane grade 4 ou 5 (alliage Ti-6Al-4V ELI). Après ostéotomie, le dispositif est inséré dans l’os alvéolaire puis s’ostéo-intègre : un contact direct, sans ligament, se crée entre l’alliage et l’os cortical/spongieux. Cette interface biologique stable supporte ensuite un pilier transgingival et une prothèse (couronne, bridge ou attache de prothèse amovible). Les taux de survie actuels atteignent 94 – 98 % à 10 ans pour les implants titane et 90 – 95 % pour les implants zircone lorsqu’ils sont posés dans des conditions optimales.

Quand poser un implant, quand s’abstenir ?

 

Indications courantes

  • Dent unitaire absente : évite de tailler les dents voisines, préserve le capital osseux.

  • Édentement partiel : deux implants permettent de soutenir un bridge et d’éviter une prothèse amovible.

  • Édentement total : quatre à six implants stabilisent un bridge complet ou une prothèse clipsée, rétablissant la mastication et la phonation.

 

Contre-indications absolues

  • Ostéite ou infection active sur le site.

  • Radiothérapie ≥ 60 Gy dans les maxillaires.

  • Usage intraveineux de bisphosphonates ou antirésorptifs forts.

 

Contre-indications dites « relatives » (implant envisageable après contrôle) : diabète mal équilibré, tabagisme > 10 cigarettes/jour, immunodépression sévère, bruxisme non pris en charge, maladie parodontale active, densité osseuse très faible (T-score ≤ –2,5).

 

 

Bilan pré-implantaire et planification

 

La consultation initiale comporte un examen clinique complet, un questionnaire médical et une radiographie panoramique. On y ajoute quasi systématiquement un cone-beam (CBCT) : ce scanner volumique permet de mesurer la hauteur et l’épaisseur osseuse, de repérer le nerf dentaire inférieur ou le plancher sinusien et d’identifier d’éventuelles lésions. Les données CBCT sont fusionnées avec un scan intra-oral pour réaliser une planification numérique : le logiciel place virtuellement l’implant en fonction de la prothèse future, puis un guide chirurgical stéréolithographié est imprimé en 3D. La précision moyenne du forage guidé est de ± 0,5 mm en position et ± 2 ° en angulation.
 

 

Étapes opératoires modernes
 

  1. Chirurgie classique en deux temps : on enfouit l’implant sous la gencive, puis l’on ré-intervient après 3–6 mois pour poser le pilier.

  2. Chirurgie flapless guidée : une incision circulaire de 3 mm suffit ; l’absence de lambeau limite œdème et douleurs (score EVA ≤ 2/10 chez 75 % des patients).

  3. Mise en charge immédiate : si la stabilité primaire atteint 35 N·cm ou plus, une couronne provisoire sans contact lourd est vissée 24–48 h après.

  4. Régénération osseuse simultanée : dans les déficits minimes, membrane de collagène et substitut osseux bovin micro-granulé peuvent combler les lacunes autour de l’implant.

  5. Matériaux et micro-textures

 

 

Les compagnies utilisent un sablage à l’oxyde d’alumine suivi d’une attaque acide (SLA) ou une anodisation contrôlée pour créer une rugosité de 1–2 µm. Cette micro-topographie accélère la colonisation ostéoblastique : l’ostéo-intégration est obtenue en 4–6 semaines, contre 8–12 semaines pour un titane poli. Les implants zircone (Y-TZP) offrent une esthétique supérieure dans le secteur antérieur, mais leur module d’élasticité plus élevé les rend légèrement plus sensibles aux forces latérales.
 

 

Complications : repères cliniques
 

  • Échec primaire : absence d’ostéo-intégration détectée dans les trois premiers mois ; l’implant est mobile ou douloureux ; il faut le déposer, greffer si nécessaire, puis attendre six mois pour une nouvelle pose.

  • Péri-implantite : inflammation et perte osseuse circulaire au-delà de 2 mm ; saignement au sondage et suppuration ; prise en charge par débridement mécanique, aéropolissage à la glycine, antibiothérapie locale (minocycline), voire chirurgie régénératrice.

  • Complications mécaniques : désertissage de vis, fracture de céramique ou, très rarement, fracture d’implant (< 1 %) ; on revisse ou remplace les composants concernés ; pour une fracture implantaire on procède à la dépose et au traitement osseux.
     

 

Suivi à long terme

 

Les visites se font deux fois la première année (4–6 mois) puis chaque année. On contrôle la plaque, la profondeur de sondage, la stabilité prothétique et l’os marginal sur une radiographie rétro-alvéolaire long-cône. Le patient doit brosser deux fois par jour, utiliser des brossettes inter-implantaires et, s’il est bruxomane, porter une gouttière nocturne. L’arrêt du tabac et la stabilisation d’un diabète (HbA1c < 7 %) réduisent le risque de péri-implantite.
 

 

Pourquoi traiter l’édentement ?

 

L’absence de dent entraîne, la première année, une résorption d’environ 25 % de la largeur osseuse et jusqu’à 4 mm de hauteur, favorise la bascule des dents adjacentes, l’extrusion de l’antagoniste et la surcharge occlusale des éléments restants. À long terme, la mastication diminuée se répercute sur la digestion et la qualité nutritionnelle. L’implant préserve le volume osseux, répartit les forces de mastication et restaure l’élocution ainsi que la confiance esthétique.
 

 

Conclusion

 

Portée par la planification numérique, les surfaces bio-actives et des protocoles peu invasifs, l’implantologie affiche aujourd’hui une fiabilité équivalente – voire supérieure – aux traitements prothétiques traditionnels. Le succès repose toutefois sur une sélection rigoureuse du patient, une exécution stérile et précise, puis un entretien méticuleux. Suivie correctement, une reconstruction implantaire peut demeurer fonctionnelle et esthétique plus de quinze ans.

Crédit photo : Image de macrovector sur Freepik

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